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Artikel vom 28.01.2008

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Alliance Française de Bâle

Le village métamorphosé

Si Chichery en bourgogne compte toujours autant d’habitants qu’il y a vingt-sept ans, les choses ont pourtant bien changé: Le lien social est distendu

Von Laurie Chomette



Pascal Dibie à la conférence à la salle de la paroisse de l'Eglise française réformé: Une causerie sur son nouveau livre «Le village métamophosé». Photos: J.-P. Lienhard, Bâle © 2008


Invité par l’Alliance Française de Bâle, association culturelle à but non lucratif, l’éthologue Pascal Dibie a fait partager, le jeudi 24 janvier, le cheminement intellectuel, professionnel et personnel qui l’a conduit à la rédaction du « Village métamorphosé » (voir notre avant-papier, paru sur webjournal.ch).

Madame Catherine Dreyfus Soguel, Présidente de l’Alliance Française, présente tout d’abord ce brillant ethnologue, enseignant-chercheur à l'Université de Paris VII Denis-Diderot et directeur des collections Traversées aux éditions Métailé.

Commençant par rappeler que le plus important dans son métier est de s’amuser à travers ses recherches ; le fil directeur qui l’anime est de mettre à distance l’évidence, c’est à dire, notre monde occidental et notre quotidien.

Puis Pascal Dibie revient sommairement sur sa formation d’historien qu’il abandonna rapidement pour se tourner vers l’ethnologie. Influencé par Lévi-Strauss et par d’autres chercheurs anthropologues et ethnologues européens, il s’intéresse à des peuples lointains.

Cependant, Mai 68 constitue un temps fort dans sa réflexion intellectuelle. Le slogan « vivre ici et maintenant » implique une critique acerbe du système patriarcal, des relations entre les deux sexes et du rapport à la nature et aux choses.

De là, il s’intéresse à la question du régionalisme et à celles des origines. Tiraillé par sa « double culture » identitaire, à la fois Parisien et homme du monde rural, Pascal Dibie met à profit son expérience acquise lors de ses recherches précédentes. Dès lors, il détourne les outils traditionnels de l’ethnologue et retourne le regard anthropologique sur sa propre société. Il décide alors d’étudier « les êtres humains du folklore contemporain » en retournant à ses racines, dans un petit village bourguignon. C’est ainsi qu’il sort un livre en 1979 sur Chichery intitulé Le village retrouvé. Il décrit une société xénophile, où le lien social est très dense.

Marquant un temps d’arrêt pour revenir sur des explications méthodologiques, l’ethnologue dit assumer pleinement sa subjectivité. Evidemment, il est impossible de comprendre le monde dans lequel on vit. Il suffit simplement, selon lui, de faire preuve d’honnêteté intellectuelle, en précisant ses influences intellectuelles, les conditions d’études, ainsi que ses doutes et ses interrogations.



Des spectateurs très prominent: L'éthnologue Marc Grodwohl, fondateur et réalisateur de l‘Ecomusée d'Alsace et d'un écomusée en Iran (avec chemise blanche, entouré à sa droite de son épouse Béatrice et à sa gauche de Jean-Claude Schnoebelen, paysan célèbre à Ballschwiller en Sundgau, courageux défendeur de la maison paysanne traditionelle et de l'environnement de son village).


Ensuite, il dresse une brève rétrospective de ses travaux. Ses observations de la société contemporaine occidentale se portent dans les années quatre-vingt sur ce que nous mangeons. Il organise alors une exposition itinérante « Tendre boucherie ».

Puis Pascal Dibie s’intéresse sur les différentes manières de dormir selon les pays. Il concrétise cette étude très instructive en écrivant « L’ethnologie de la chambre à coucher ».

Interloqué par le comportement intériorisé que nous avons tous à nous mettre à chuchoter dès que nous entrons dans une église, il décide alors de pénétrer dans La Tribu sacrée » pour étudier sans tabous les prêtres.

Enfin, s’interrogeant sur l’image de l’autre à travers notre histoire occidentale et à sa construction, il donne naissance à La passion du regard.

Sans cesse animé par le désir d’en savoir plus sur ce que nous sommes aujourd’hui, il se rend de nouveau dans son cher village en Bourgogne. Si Chichery compte toujours autant d’habitants qu’il y a vingt-sept ans, les choses ont pourtant bien changé. Dans Le Village métamorphosé, il mêle encore observations ethnographiques et réflexions personnelles.

A l’heure de l’ADSL, de l’agriculture technicisée avec les «UGB» (unités gros bétail) et la « cueillette d’embryons », des migrations pendulaires et de la montée de l’individualisme, Pascal Dibie découvre un village silencieux et vide, où la vie s’est décentrée. Il relate ce curieux mélange entre la campagne et la mentalité urbaine.

Chichery est désormais régi par une autre temporalité et spatialité. On ne se déplace plus qu’en voiture. Le lien social est distendu ; les relations de voisinage deviennent sources de tensions, qu’il convient de régler avec l’aide du médiateur. Les habitants ne se connaissent plus. Le village n’est plus une entité autonome, mais est devenu une partie de la ville.



Pascal Dibie en pleine forme de conférencier.


En outre la fracture technologie a profondément modifié notre rapport à l’espace, ce qui implique que la « cyberjeunesse » est fortement déspatialisée. Ces jeunes font plusieurs choses en même temps : téléphoner, chater, jeux en réseaux,… Les programmes audiovisuels se sont adaptés à ces nouvelles caractéristiques de la population. Ainsi, les séries américaines comportent plusieurs petites histoires de styles différents au sein de l’histoire principale. La vie sociétale se réorganise.

Prenant la place de la mort de la société, il démontre le déclin de l’importance de celle-ci. Aujourd’hui, elle est exclue du quotidien : les gens préfèrent de plus en plus la crémation à l’enterrement et la corrélation entre la Toussaint et le nettoyage des tombes se vérifie de moins en moins.

Pascal Dibie conclue sa conférence après avoir démontré qu’une société ne connaît ni de début ni de fin mais qu’elle est en perpétuelle transformation.

Le public, qui fut vraiment très attentif et enchanté par les propos du conférencier, a pu poser quelques questions ; avant de poursuivre la discussion autour d’un verre d'amitié.

Von Laurie Chomette

Für weitere Informationen klicken Sie hier:

• Notre avant-papier bilingual F + D


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